L'Été 2023 en Belgique : état des lieux météorologique, de la qualité de l'air et de la mortalité

Climat : un été belge contrasté

L’été 2023 en Belgique laisse le souvenir d’un été plutôt maussade, avec des mois de juillet et août très nuageux. Pourtant, l’analyse effectuée par l’IRM révèle une autre réalité : en termes de température, cet été a été plus chaud (+1°) que la moyenne des 30 étés précédents. Cela est dû à un mois de juin particulièrement chaud, pendant lequel la première phase d’avertissement a été activée. En outre, nous avons vécu une vague de chaleur inédite en septembre : c’est d’ailleurs à ce moment-là qu’a été déclenchée la seconde phase d’avertissement, ce qui n’était jamais arrivé au cours de l’automne climatologique.

Pour comparaison : activations de phases d’avertissement/d’alerte ces dernières années :

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 Dépassements d'ozone : tendance à la baisse

Les mesures relatives à la qualité de l'air de l'été 2023 indiquent un nombre de jours de dépassement du seuil d’information européen relativement faible. La fréquence des pics d’ozone dépend fortement des conditions météorologiques mais sur le long terme les pics sont moins fréquents et  intenses. Inversement, pour la moyenne annuelle, on n’observe pas réellement une diminution mais plutôt une stagnation, voire une légère augmentation au fil des ans.

Il convient de noter qu’il existe différent seuils, tant au niveau de l’UE que de l’OMS. Ainsi, si les seuils UE sont respectés en 2023, les seuils établis par l’OMS – plus stricts – ne sont pas respectés et demeurent un défi pour les années à venir.

Pour rappel : seules des mesures à long terme de réduction des précurseurs d’ozone sont à même de diminuer sensiblement la concentration d’ozone. Par exemple, il est intéressant de noter qu’une réduction du trafic automobile lors des pics d’ozone peut avoir un effet inverse à celui que l’on cherche : le monoxyde d’azote, émis par les voitures, a pour propriété de réagir avec l’ozone pour former du dioxyde d’azote, ce qui diminue la concentration d’ozone. Limiter le trafic entrainera donc une augmentation des concentrations d’ozone. C’est également la raison pour laquelle les campagnes connaissent de plus importantes concentrations d’ozone que les villes, où le trafic est plus dense.

Quel est l’impact sanitaire de cet été 2023[1] ?

Pour info : Sciensano prévoit systématiquement, sur base d’une moyenne des cinq années précédentes, la mortalité attendue (il s’agit d’un intervalle : il devrait y avoir entre X et X décès). De cette prévision découlent les notions de surmortalité (quand la mortalité dépasse l’intervalle de prédiction) et de sous-mortalité (inversement).

Une sous-mortalité a été observée au cours de l’été 2023 (-2.7%). Il s’agit de la sous-mortalité la plus importante des 20 dernières années ; une sous-mortalité sur l’ensemble de la population durant la période estivale est rare.

Elle peut s’expliquer par plusieurs raisons (qui restent à confirmer par une analyse plus approfondie) :

  • Une mortalité très importante avait été observée les années précédentes[2]. Cela a entrainé une moyenne et donc un intervalle de prédiction élevés.
  • Effet dit de « moisson » : lorsqu'il y a une mortalité importante au cours de l'hiver (en raison de températures froides notamment), on peut observer une sous-mortalité au cours de l'été suivant. Or, au cours de l'hiver 2022-3, il y a eu un pic de décès dû à une épidémie de grippe et à la neuvième vague covid-19.
  • Efficacité des mesures de prévention durant les vagues de chaleur.

    Pour comparaison : un aperçu de la surmortalité de ces dernières années :

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Lutte et adaptation face aux changements climatiques

Ces différents éléments rappellent l'importance – pour protéger notre santé – d’agir sur plusieurs fronts.   

D’une part de lutter contre les changements climatiques afin d’en limiter les effets futurs. Il s’agit d’un défi collectif nous impliquant toutes et tous. Le NEHAP en prend sa part, puisque une fiche d’action du NEHAP3 est spécifiquement dédiée à la
durabilité des systèmes de soins de santé, qui requiert entre autres de les rendre neutre en carbone à l’horizon 2050.

D’autre part, il s’avère également nécessaire de s’adapter aux conséquences déjà bien présentes des changements climatiques en Belgique, notamment aux vagues de chaleur. Là encore, il s’agit d’un défi collectif qui nécessite l’implication de tous. A cet égard, les Communautés (Department Zorg pour la Flandre, AViQ pour la Wallonie et COCOM pour Bruxelles) ont notamment  listé plusieurs recommandations à destination des citoyens :

  • boire plus d'eau que d'habitude (et veiller à ce que les bébés, petits enfants et personnes âgées boivent suffisamment).
  • éviter l'alcool, le café, le thé, les boissons sucrées
  • limiter, dans la mesure du possible, les efforts physiques pendant les heures les plus chaudes
  • fermer les tentures / volets pendant la journée et aérer votre domicile la nuit lorsqu'il fait plus frais
  • se rafraîchir autant que possible (le visage, le corps)
  • trouver les ilots de fraicheur en ville (bibliothèques, magasins, parcs ombragés etc.)
  • veiller aux personnes âgées et/ou isolées que l'on connait ou via par exemple des réseaux de vigilance de quartier.


Pour information : une réunion est prévue au premier trimestre de l’année 2024 avec les entités fédérées qui présenteront les mesures qu’elles ont prises lors des différentes phases du plan. Un compte-rendu en sera publié sur ce site.

 


[1] A noter : il est bien évidemment difficile de déterminer avec exactitude les raisons précises des décès : les données sont à utiliser pour corrélation. Par exemple, des vagues covid ont coïncidé avec des vagues de chaleur. Cela dit, les décès covid n’expliquent pas entièrement la surmortalité.

[2] 2020 a été marquée par une forte mortalité liée au Covid-19 ; Sciensano a donc veillé à prendre en compte ces « valeurs aberrantes » pour mieux en atténuer l’effet déformant.