L'été est là : comprendre l'impact de l'ozone et des fortes chaleurs sur la santé

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Forte Chaleur & Pics d'Ozone

Alors que nous venons de vivre un mois de juin particulièrement chaud et sec, la question de l'interaction entre l'environnement et la santé est plus que jamais d'actualité. Le Plan d'Action National Environnement-Santé (NEHAP) a placé ce sujet au cœur de ses préoccupations, notamment via le Groupe de travail "Pics d'ozone et Fortes chaleurs". Ce dernier est composé de représentants des administrations qui composent le NEHAP ainsi que de l'Institut Royal de MétéoIorologie (IRM), de la Cellule interrégionale de l'environnement (CELINE) et de Sciensano, qui étudient respectivement les températures, la concentration d'ozone et la mortalité. Cela correspond à la raison d'être du NEHAP : assurer la coordination entre l'environnement et la santé mais également entre les différents niveaux de pouvoir.

2003 : prise de conscience des dangers climatiques

Les vagues de chaleur et pics d’ozone de l’été 2003, qui ont coûté la vie à près de 45.000 personnes, ont généré une véritable prise de conscience : les pics d'ozone et fortes chaleurs génèrent de la surmortalité. Le risque est présent pour tous les groupes d'âges, avec toutefois des facteurs de vulnérabilité : notamment comorbidités, isolement, statut socio-économique inférieur, logement mal isolé, grand âge. Or, ces vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes et intenses en raison du changement du climatique et, parallèlement, nous assistons à un vieillissement de la population. Par ailleurs, la mortalité est un peu le sommet de l'iceberg : les effets sur la santé sont potentiellement plus vastes et incertains.

Plan "Pics d'Ozone et Fortes Chaleurs" en trois phases

Face à ces défis, le NEHAP a mis en place un plan d'action spécifique. Ce dernier est divisé en trois phases : vigilance, avertissement, alerte. Les critères de début et de fin de phase sont établis en fonction uniquement de leur impact sur la santé. Ces critères sont discutés régulièrement par le GT, sur base des données de l'été précédent, afin de les faire évoluer si nécessaire. Ils sont disponibles ici en détail.

La phase de vigilance est activée chaque année du 15 mai au 30 septembre. L'IRM et CELINE suivent alors de près les prévisions de température et de qualité de l'air.

La phase d'avertissement est, quant à elle, activée quand la chaleur est intense et persistante : lorsque les prévisions indiquent que les températures atteindront au moins 25°C pendant 5 jours consécutifs, et que la somme des degrés au-dessus de 25°C pendant ces jours dépasse 17. Vous suivez toujours ? 😊

Durant cette phase, les communautés jouent un rôle clé de prévention. Elles travaillent en collaboration avec différentes entités, telles que les municipalités, les hôpitaux, les services de soins à domicile, les maisons de repos, les médecins généralistes, les centres de garde d'enfants, les associations de jeunes, les organisations travaillant avec les groupes vulnérables. Chaque entité met en œuvre ses propres mesures de protection.

La phase d'alerte répond inéluctablement à des conditions plus strictes. Elle correspond à une situation de chaleur extrême et prolongée, accompagnée d'une concentration élevée d'ozone. Cette phase est envisagée lorsque les critères de la phase d'avertissement sont atteints, en plus d'autres conditions, comme une concentration d'ozone dépassant un certain seuil. Ces seuils ne conduisent pas automatiquement à l'activation de cette phase. Le Risk Assessment Group (RAG) évalue la situation et notamment la nécessité éventuelle de mesures supplémentaires pour protéger la santé de la population. Le Risk Management Group (RMG) décide, sur base de cette évaluation, si l'activation de l'alerte est opportune.

Lors de cette phase, c'est le gouvernement fédéral qui prend en charge la coordination : le SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement assume cette tâche. En fonction de la situation, d'autres acteurs pourraient également être impliqués si nécessaire.

2022 : un été marqué par des conditions climatiques exceptionnelles

L’été 2022 a été exceptionnellement à la fois sec, chaud et ensoleillé si on le compare aux 30 dernières années en Belgique. Cela se reflète, entre autres, dans :

  • les 4 phases d'avertissement
  • les 7 (jours de) dépassement du seuil européen d'information pour l'ozone (180 µg/m³), qui sont survenus au cours des 4 phases d'avertissement.
  • la surmortalité de 2291 au cours de la période estivale (16/05 => 09/10), ce qui équivaut à 5,7%. C’est bien plus que les années précédentes (2018 :  -0.1% ; 2019 : 3.1% ; 2020 : 4.3% ; 2021 : 3.5% !)[1]. Cette surmortalité a touché principalement les personnes de +85 ans (et particulièrement les femmes de cette catégorie d’âge) et les 65-84.
Santé environnementale : défis politiques et recommandations individuelles

Ces différents éléments rappellent l'importance, pour protéger notre santé, de lutte contre le changement climatique, afin de limiter ses effets futurs mais également de s'adapter à ses effets déjà bien présents.

Cette année, nous avons déjà observé une phase d'avertissement en juin. D'autres pourraient survenir prochainement. Pour faire face à cette situation, les Communautés (Department Zorg pour la Flandre, AViQ pour la Wallonie et COCOM pour Bruxelles) ont  listé plusieurs recommandations, notamment :

  • boire plus d'eau que d'habitude (et veiller à ce que les bébés, petits enfants et personnes âgées boivent suffisamment).
  • éviter l'alcool, le café, le thé, les boissons sucrées
  • limiter, dans la mesure du possible, les efforts physiques pendant les heures les plus chaudes
  • fermer les tentures / volets pendant la journée et aérer votre domicile la nuit lorsqu'il fait plus frais
  • se rafraîchir autant que possible (le visage, le corps)
  • trouver les ilots de fraicheur en ville (bibliothèques, magasins, parcs ombragés etc.)
  • veiller aux personnes âgées et/ou isolées que l'on connait ou via par exemple des réseaux de vigilance de quartier.
     

    Donnez votre avis ! Le plan Pics d'ozone et forte chaleur fait partie du Troisième Plan d'Action National Environnement-Santé, qui s'étendra de 2023 à 2029. La consultation publique concernant le NEHAP3, qui contient 8 domaines d'action, sera ouverte le 16 août 2023 jusqu'au 15 octobre inclus. Il s'agit d'une opportunité unique pour partager vos avis et contribuer à façonner l'avenir de la santé environnementale. Rendez-vous sur consult-environnement le 16 août !

 

[1] Il est difficile de déterminer les raisons exactes des décès: les données sont à utiliser pour corrélation. Par exemple : la 8ème vague de contaminations covid a eu lieu cet été. Les pics de décès liés au covid ont eu lieu en même temps que la 2ème, 3ème, 4ème phases d’avertissement. Cela dit les décès covid nexpliquent pas entièrement la surmortalité.