Pour rappel : le Plan Forte chaleur et pics d’ozone a été lancé en réponse à la canicule meurtrière de 2003. Il vise à préparer la Belgique aux vagues de chaleur – de plus en plus fréquentes avec le changement climatique – afin de protéger la population et plus spécifiquement les personnes vulnérables – de plus en plus nombreuses avec le vieillissement de la population. Ce plan est composé de trois phases : la phase de vigilance (activée chaque année quoi qu’il arrive), la phase d’avertissement (activée lorsqu’il fait chaud, au-delà de 25°, plusieurs jours d’affilée) et la phase d’alerte (qui est activée selon des critères plus stricts, en termes de chaleur et d’ozone). Tout ceci est expliqué en détail dans notre article dédié.
Dans cet article, nous nous concentrerons sur la mise en œuvre concrète du plan, en particulier lors de la phase de vigilance et lors d’une phase d’avertissement – cette dernière étant depuis quelques années systématiquement activée plusieurs fois par an (cf. Etat des lieux année 2023). Nous examinerons spécifiquement les mécanismes de transmission de l'information, qui assurent la diffusion des documents de prévention et des appels à l'action. Ce plan est en effet un exemple réussi d’une collaboration nationale fructueuse, impliquant une grande variété d’acteurs à différents niveaux de pouvoir.
Sensibilisation et prévention : les Communautés en action
Au cours de la phase de vigilance, l’objectif est d’être toutes et tous préparés à l’approche de l’été. En Belgique, ce sont les Communautés qui sont compétentes en matière de prévention. Chacune d'entre elle a donc élaboré de la documentation de sensibilisation face aux vagues de chaleur et des pics d'ozone. Ces documents sont destinés aux citoyens, aux personnes vulnérables ainsi qu’aux professionnels et organisations en lien avec ces personnes vulnérables (les maisons de retraite, les hôpitaux, les écoles, les organisateurs d'évènements sportifs, etc.).
En Flandre, c’est le site web warmedagen.be du Departement Zorg qui fait office de plateforme rassemblant toute une série de documents utiles. On y retrouve – pêle-mêle – des flyers, des affiches, documents d'information sur les risques (à l'attention des médecins ou des aides à domicile, p. ex), des guides pour mettre en place un plan forte chaleur (pour les organisateurs d'évènements sportifs/culturels ou pour les maisons de repos et les écoles p. ex.). Enfin, le Departement Zorg a développé deux outils intéressant : une carte de Flandre avec la surmortalité estivale par commune, et une carte de Flandre représentant la vulnérabilité à la chaleur par commune (celle-ci cumule les données de surmortalité avec d'autres critères de vulnérabilité tels que l'âge ou la condition sociale). Ces documents sont diffusés notamment via une lettre d'information du Departement Zorg, via les canaux d'autres administrations (celles en charge de l'enseignement par exemple ou encore l'agence Opgroeien), via les pouvoirs locaux, et via les réseaux sociaux, entre autres.
En Wallonie, c'est l'AViQ qui se charge – via son site web notamment – de sensibiliser la population et les professionnels en lien avec les personnes vulnérables. Y sont disponibles des flyers, des affiches, mais également des fiches thématiques (sur les ainés, les maisons de repos, les enfants, les organisateurs d'évènements, les personnes sans domicile fixe, etc.). Les conseils sont également exposés à l'aide d'une vidéo pédagogique. Cette documentation est diffusée par des partenaires-relais auprès des publics concernés : citons notamment la Fédération Wallonie-Bruxelles pour les écoles ; le SPW pour l'aide sociale et les CPAS ; l’ONE pour les crèches et mouvements de jeunesse.
La Communauté germanophone, ainsi que son partenaire PRT, publie quant à elle sur son site toute la documentation utile : comment se protéger de la chaleur, quels sont les risques qui y sont associés, etc.
A Bruxelles, Vivalis et Bruxelles Environnement travaillent main dans la main pour sensibiliser les Bruxellois, notamment ceux qui sont en contact avec des personnes vulnérables. Cela passe notamment par des lettres et affiches qui sont envoyées aux partenaires de Vivalis, à savoir les communes, les CPAS, les hôpitaux et les maisons médicales ou encore les mutuelles. Des posters ont été affichés dans Bruxelles en juillet et août. Les sites web de Vivalis et de Bruxelles Environnement contiennent des explications sur le Plan, les impacts sanitaires et les différents conseils. Celui de Bruxelles Environnement contient la carte des ilots de chaleur/fraicheur de la région, ainsi qu’un lien vers la carte répertoriant les fontaines d'eau potable. Les 19 communes de Bruxelles sont également contactées de manière proactive par Safe.Brussels pour leur faire part du plan et susciter ainsi leur vigilance.
Activation d'une phase d'avertissement
Lorsque les critères (explicités ici) sont atteints, la phase d'avertissement est automatiquement déclenchée et des bulletins d'information sont envoyés aux partenaires de Celine, sur son site web et sur X. Il s'agit de transmettre l'information aussi vite et complètement que possible. S'enclenche alors tout un processus de transmission de l'information, afin de préparer et sensibiliser les citoyens, les personnes vulnérables et les professionnels en lien avec ces dernières (hôpitaux, école, maison de retraite, organisateurs d'évènements sportifs ou culturels, etc.). Lors des phases d'avertissements, ce sont à nouveau les Communautés qui assument ce rôle. Lors d'une phase d'alerte – qui n'a été activée qu'une seule fois jusqu'à présent – c'est le Gouvernement fédéral qui prend les rênes.
En Flandre, le mail d'avertissement est envoyé à pas moins de 20.000 destinataires (garderies, école, institutions de soins, maisons de repos, pouvoir locaux et tous ceux qui se sont inscrits à la newsletter) pour leur demander d'agir et d'activer les plans forte chaleur existants.
En Wallonie, l'information est également transmise au plus grand nombre. Chaque année, à partir du 15 avril, une alerte est simulée afin de vérifier que les différents messages arrivent à bon port (notamment au sein des maisons de repos, où il arrive que le personnel change d'une année à l'autre). Il est également fait appel à d'autres partenaires, comme PEREX pour les panneaux autoroutiers, la SNCB et la TEC pour les transports en communs, ou encore des influenceurs. Outre les publications sur les réseaux sociaux, une alerte est également envoyée via le système be-alert.
La Communauté germanophone transmet également les mails d'information aux maisons de repos, crèches, écoles, camps scouts, etc. Sont diffusés un spot de publicité sur la seule radio de la communauté germanophone de Belgique – BRF – et un communiqué de presse pour BRF et GrenzEcho.
A Bruxelles également, des campagnes sont réalisées sur les réseaux sociaux. L'application Brussel Air développée par Bruxelles Environnement envoie des notifications à ses utilisateurs pour les prévenir. Les mails informant de la phase d'avertissement transitent via Vivalis vers tout une série d'acteurs, tels que les maisons communautaires, les services de résidences pour personnes âgées, les services à domicile, etc. Safe Brussels prend également contact avec la coordination de plan d'urgence au niveau communal.
En bref, après avoir incité à la préparation pendant la phase de vigilance, l’heure est – lorsqu'une phase d'avertissement est déclenchée – à la mise en application des mesures de précaution, principalement à l'égard des personnes vulnérables. Le plan joue ici un rôle crucial pour faire circuler l'information, depuis Celine et l'IRM qui effectuent les prévisions et les mesures, en passant par les administrations en charge de la prévention, jusqu'aux écoles, maisons de retraite, hôpitaux ou encore organisateurs d'évènements.
Alors que nous entrons dans la période estivale, nous nous tenons prêts. Il est néanmoins essentiel de rester vigilant : adoptez les gestes de précaution suivants pour vous protéger et protéger les plus vulnérables :
- boire plus d'eau que d'habitude (et veiller à ce que les bébés, petits enfants et personnes âgées boivent suffisamment).
- éviter l'alcool et les boissons sucrées
- limiter, dans la mesure du possible, les efforts physiques pendant les heures les plus chaudes
- fermer les tentures/volets pendant la journée et aérer votre domicile la nuit lorsqu'il fait plus frais
- se rafraîchir autant que possible (le visage, le corps)
- trouver les ilots de fraicheur en ville (bibliothèques, magasins, parcs ombragés etc.)
- veiller aux personnes âgées et/ou isolées que l'on connait ou via par exemple des réseaux de vigilance de quartier.